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Articles de Presse
Concernant l’édition de 2024
Air Fan – N°494 – Octobre-Novembre 2024
Le Piège – N°256 – Avril 2024
Les Ailes – N°12 – Printemps 2024
Concernant la ré-édition de 1981
Aviation Magazine – n°821 – Mars 1983
Disons-le tout de suite, ce livre est à lire absolument. Il s’agit d’un classique qui provoqua quelques réactions à sa sortie il y a trente ans. Disparu du catalogue depuis longtemps, il avait pris un certain caractère mythique. Sa réédition par Guy Victor Labat doit être saluée comme un événement, elle permettra à tous de lire enfin l’un des plus beaux livres jamais écrits sur les pilotes de chasse.
Il ne s’agit pas d’une apologie du chasseur, bien au contraire. Rien n’est moins
manichéen que cet ouvrage écrit par Marc Lissy qui, sous son véritable nom,
Marcelin Labas, fut lui-même pilote de chasse pendant la deuxième guerre
mondiale : un pilote à l’itinéraire peu ordinaire.
« Chasseurs mes frères », c’est la chronique d’une formation française ou plutôt son journal intime. On ne parle jamais véritablement des opérations, on n’y parle que des hommes avec une amitié, une sincérité totale. C’est cela qui fait de ces quelques centaines de pages une œuvre presque unique dans le genre. Entre amis on ne se ménage pas, mais même au travers des observations les plus cruelles, l’amitié transparaît. Peu à peu, à travers ces hommes dissemblables, rassemblés un peu au hasard par la guerre et le commandement, se dégage ce qui fait qu’ils appartiennent à la même famille.
Le livre s’achève, plutôt qu’on ne finit de le lire, et le lecteur regrette presque la fin de la guerre parce qu’elle signifie aussi l’éparpillement de ces hommes au gré de destinées que plus rien ne soude si ce n’est le souvenir de ces années qui coïncidaient avec leur jeunesse.
Pégase – n°26 – Juillet 1982
Dans cette rubrique Edmond Petit, vous présente le livre qui a le plus attiré son attention ce trimestre.
Chasseurs, mes frères par Marc Lissy, Nouvelle Librairie de France.
Il y a des livres qui font date.
Celui-ci est sorti en 1947 chez Ferenczi.
Son auteur, Marcelin Labas, signant Marc Lissy, est ingénieur agronome, officier de réserve, pilote, chasseur et poète, observateur perspicace, déconcertant parfois, attachant toujours. Il sait trouver les mots qu’il faut pour écrire « le journal intime d’une petite secte en voie de disparition » comme il le dit lui- même.
Le sujet ? La vie quotidienne d’un groupe de chasse entre 1943 et 1945. Quel groupe ? Le groupe « Province »… C’est étonnant, mais, au début, l’ouvrage est passé presque inaperçu. Rien dans « Forces Aériennes Françaises » (je n’ai assuré la rubrique des livres qu’à partir de 1955). Pégase n’existait pas, Icare non plus. Une note de lecture dans « Aéro-France » (août 1953), une autre dans « Orion » (janvier 1954). Une mention dans ma biblio du Meeting Aérien des Nations (Belgique, 1958). Mais pas un mot dans la thèse très documentée de Bui Xuan Bao, « Aviation et littérature » (1960). Pourtant, dès 1949, l’attention avait été attirée sur le livre par un savant article d’un professeur de philosophie, Pierre Mesnard. C’était dans le n° 38 de « Forces Aériennes Françaises », reprenant le « Bulletin de l’Association Guillaume Budé » sous le titre « Humanisme et aviation ».
Le texte est d’importance. Le philosophe analyse ce nouveau spécimen, l’aviateur, qui n’est déjà plus le séducteur type des années terribles défini par Cocteau en 1933. Pierre Mesnard écrit, parlant de Chasseurs mes frères : « un des ouvrages les plus importants pour connaître la mentalité de l’aviateur français ». Les autres étant de Saint-Exupéry, Jules Roy, Bodo Uhse, Pierre Clostermann, Rex Warner et Richard Hillary. J’y ajouterai Roland Garros, Gabriele d’Annunzio et Charles Lindbergh.
A propos du chapitre « Le Vieux », Il ajoute : « Le profane ne voit de ces groupes que leur aspect hostile de société close, aristocratique et souvent méprisante ; il ignore les merveilles de délicatesse morale que peut produire dans leur sein cette nouvelle hétairie qu’est la camaraderie de l’air ». Pierre Mesnard insiste également sur « le très beau chapitre intitulé : le Patron ».
Le Patron, nous le savons maintenant, c’est le commandant, aujourd’hui général, Raymond Clausse qui a préfacé la nouvelle édition. Grâce à lui, nous possédons la clef du livre : Le groupe « Province » ; c’est le « ROUSSILLON », le 3/6. Et sous « les masques » de 1947, nous découvrons Dhellemmes, Goujon, Rupied, Hervé, Gatard, Bois Vauvert, Gantés, Ghesquière, Pinsun, La Villéon, Dumoulin, Prayer et Labas, alias Lissy. Alors, un grand merci à Ivan de Somow qui a sorti le livre de l’oubli, Raymond Clausse pour sa préface et surtout sa postface et à Guy Labat (rien à voir avec Labas), l’éditeur qui a eu le courage de rééditer. Une nouvelle édition particulièrement soignée, avec des aquarelles originales de Kuczynski, une impression excellente, une reliure magnifique. De quoi contenter les amateurs d’action, d’humour et de beaux livres.
Edmond Petit
Nouvelle Librairie de France, 36, avenue des Ternes, 75017 Paris. Edition ordinaire à 270F. Edition de luxe à 600F.